D’après une étude menée par l’Ipsos en 2025, 74 % des Français de 18 à 24 ans utilisent des outils d’IA. Cette étude révèle que l’utilisation principale qui en est faite est la recherche en ligne (pour 48% des utilisateurs tous âges confondus) : l’IA s’affirme alors comme une alternative aux moteurs de recherche. 38% des utilisateurs s’en servent aussi pour rédiger des textes et des documents.
La méthodologie universitaire, qui recommande de croiser les sources, et dont la pertinence est souvent jugée en termes de richesse bibliographique, est alors à questionner. Si l’IA remplace le moteur de recherche, alors les étudiants n’ont-ils plus besoin que d’une seule source d’informations ? Comment porter un regard critique sur ces données si un seul point de vue leur est proposé tout au long de leur cursus scolaire ? L’IA mènerait-elle, à terme, à une standardisation des idées et à la perte de toute créativité et originalité des contenus ?
Pourquoi vérifier les informations proposées par une IA générative ?
D’où proviennent les informations données par les IA ?
L’IA générative est alimentée par des modèles de machine learning (AA - apprentissage automatique). Elle puise ses données d’une multitude de sources à travers le web. Parmi les plus évidentes, nous pouvons citer le contenu disponible en ligne par tous les utilisateurs, tel que les pages web, les articles de presse, les blogs et forums, etc. Mais cela ne s’arrête pas là, puisque l’IA a aussi accès à du contenu sous licence, lui permettant de s’enrichir de données académiques et professionnelles spécialisées. Pour finir, l’IA se nourrit quotidiennement de ses échanges avec les utilisateurs et avec les formateurs qui utilisent des scénarios simulés afin d’améliorer ses performances.
Mais alors, l’IA ne proposerait-elle pas un contenu plus riche que celui d’un simple moteur de recherche ? Cela n’est pas si simple … L’IA apprend, mais elle n’est pas dotée d’un esprit d’analyse à proprement parler. Dans ses réponses, elle propose en effet une synthèse des informations relevées en fonction de leur fréquence d’apparition : disparaissent alors tous les opinions divergentes et débats scientifiques, aboutissant à un contenu standardisé (Diallo, 2023). La rigueur scientifique n’est pas de mise !
L’information par l’IA, vers une désinformation ?
Plusieurs lanceurs d’alerte ont déjà tiré la sonnette d’alarme. Entre les fake news fabriquées par IA qui pullulent sur Internet et son utilisation pour créer des arnaques, il s’agit d’un sujet qui marque les actualités.
Au-delà des débats sur l’impact de l’utilisation de l’IA sur les capacités d’analyse et de réflexion des étudiants, la fiabilité des réponses inquiète. L’IA générative pourrait-elle devenir dégénérative ? Un cercle vicieux semble en effet être engagé dès lors que l’IA se nourrit de son propre contenu, engendrant une succession d’erreurs et d’approximations (Le Tutour, 2024). C’est là que les formateurs interviennent : leur rôle est de nourrir l’IA avec un contenu fiable et de qualité. Cependant, le contenu généré par IA se répand inexorablement sur le web et l’IA générative ne peut s’empêcher de le considérer comme une source comme les autres, menant peu à peu à une diminution de la diversité des sources et une détérioration du contenu.
Faut-il donc bannir l’IA ?
Si vous aviez en tête d’avoir recours à une IA pour votre devoir, ces premiers paragraphes ne s’annoncent pas très engageants ! Pourtant, l’IA peut avoir certains avantages. Elle est un gain de temps précieux pour les étudiants qui doivent rédiger leur revue de littérature en fournissant une première approche bibliographique, pour automatiser la collecte de données ou encore fournir une base de lettre pour postuler au stage de vos rêves.
Ainsi, comment bénéficier de ces atouts sans risquer de tomber dans la banalité, ou pire dans la désinformation ? Certains auteurs se sont penchés sur le sujet afin de proposer une utilisation éthique et responsable de l’IA. Parmi eux, nous pouvons mentionner les travaux de Soms S Biswas qui a cherché à fournir un guide aux chercheurs afin d’améliorer la productivité et la qualité de leurs publications grâce à ChatGPT.
Comment utiliser l’IA ? – Guide pour une utilisation raisonnée de l’IA
Vous l’aurez compris, si vous comptiez faire rédiger votre dissertation par une IA, cela n’est pas une bonne idée ! En revanche, une utilisation raisonnée de tels outils pourrait s’avérer une aide précieuse dans vos études. Voici quelques points clés qui vous aideront à dompter l’IA pour en faire une alliée dans votre parcours universitaire !
Résumer, synthétiser … un travail chronophage
Vous avez une revue de littérature à préparer pour votre mémoire, mais êtes débordés par vos partiels ? Quelle que soit votre formation, la recherche bibliographique est un incontournable. Si vous êtes confrontés à cet exercice pour la première fois, l’IA pour être d’une aide précieuse pour vous guider dans vos premiers pas. Elle peut résumer pour vous des pages entières de texte qui vous auraient pris des jours à lire. Elle vous permettra ainsi d’identifier les articles intéressants et ceux à mettre de côté, en dégageant les grandes lignes pour construire votre réflexion. Ce premier travail ne dispense cependant pas d’une lecture complète des articles sélectionnés afin d’en saisir toutes les nuances et le raisonnement.
La capacité de synthèse de l’IA peut aussi vous aider à trouver des titres précis et pertinents, identifier les mots clés ou présenter un résumé attrayant. Attention cependant : si vous soumettez votre texte à une IA dans le but d’en tirer un titre, ce texte sera assimilé par l’IA et ne sera plus considéré de votre propriété. Nous vous conseillons donc de consulter leurs conditions d’utilisation avant tout usage afin de ne pas perdre la propriété intellectuelle de vos propres travaux !
L’IA, un assistant, et non un remplaçant
Un travail universitaire implique généralement une recherche bibliographique et une méthodologie.
Une IA générative ne pourra pas vous fournir une bibliographie complète : les références fournies sont en effet souvent incorrectes (Biswas, 2023). Il convient ainsi de vérifier les informations proposées sur des sites spécialisés dans votre domaine d’études. Par exemple, si vous êtes étudiant en droit, nous vous conseillons de vérifier les jurisprudences mentionnées sur le site de Légifrance, du Conseil constitutionnel ou de la Cour de cassation. L’IA peut cependant vous aider à convertir une référence trouvée au format imposé par votre Université, un gain de temps non négligeable !
Une méthodologie rigoureuse et parfaitement adaptée à votre recherche ne pourra bien sûr pas non plus être fournie clé en main par une IA, mais cette dernière pourra vous assister en générant des idées et en vous fournissant des conseils. Vous pouvez dès lors l’utiliser comme support pour une session de brainstorming. Il est alors conseillé de ne pas vous contenter de la première réponse donnée, mais de préciser au fur et à mesure de vos échanges vos attentes afin d’affiner la pertinence du contenu proposé.
Comment contourner les biais, limiter l’interprétabilité et éviter le plagiat ?
Bien que le contenu proposé par les IA se veuille neutre, ces dernières sont influencées par les données qu’elles collectent et peuvent à leur tour fournir des informations marquées par des préjugés sociétaux ou culturels (Biswas, 2023). Une relecture attentive est alors nécessaire afin d’éliminer tout propos qui se voudrait discriminatoire ou incorrect.
Par ailleurs, la capacité de synthèse de l’IA a une limite flagrante : seul le résultat final est présenté, et le raisonnement préalable peut être difficile à identifier, d’autant plus quand les sources ne sont pas citées. Cela amène à des interprétations qui peuvent être erronées (Biswas, 2023).
À noter aussi que l’IA ne vous contredira pas : si votre prompt contient des indications erronées, l’IA ne vous en avertira pas et cherchera à répondre tant bien que mal à votre demande, même si cela implique de vous proposer des données fausses ou peu pertinentes.
Pour finir, une question persiste : le plagiat involontaire, est-ce possible ? Avec l’IA, la réponse est oui … un texte généré par IA, ressemblant à un contenu déjà publié, et sans référencement, peut en effet être considéré comme un plagiat et être détecté par les logiciels anti-plagiat universitaires (Biswas, 2023). Il est alors conseillé de demander ses sources à l’IA et de vérifier l’authenticité des informations proposées. N’hésitez pas à passer votre document sur un détecteur anti-plagiat avant de le soumettre à votre Université.
Conclusion
L’IA peut s’avérer être un outil redoutable pour qui sait en faire bon usage et adopter un esprit critique. Cet article vous aura donné les clés pour en faire une utilisation raisonnée et efficace. L’IA sera votre alliée dans la recherche d’idées et un gain de temps dans la synthèse de textes et la réécriture de références. En revanche, son utilisation pour rédiger des textes complets est fortement déconseillée à cause des risques du manque de fiabilité et de standardisation du contenu. À cet effet, les tuteurs-rédacteurs de MyStudies sont là pour vous proposer des textes originaux, uniques, et garantis sans IA !
Sources :
Biswas SS. ChatGPT for Research and Publication: A Step-by-Step Guide. J Pediatr Pharmacol Ther. 2023;28(6):576-584. doi: 10.5863/1551-6776-28.6.576. Epub 2023 Oct 28. PMID: 38130350; PMCID: PMC10731938.
Diallo, Mbaye Fall. Ce que ChatGPT fait à l’enseignement, à la recherche et aux organisations. Revue française de gestion, 2023/5 N° 312, p.9-14. DOI : 10.3166/rfg.312.09-14. URL : https://shs.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2023-5-page-9?lang=fr.
Le Tutour, Erwan. IA dégénérative : quand l'algorithme est malade. SFEIR.DEV, 2024, https://www.sfeir.dev/ia/ia-degenerative-quand-lalgorithme-est-malade-2/