Jean Giono est un écrivain français du 20e siècle. Il est apprécié pour ses narrations influentes et provocantes extrêmement liées à la nature de l’homme, le sort et l’ironie de la vie. Son récit « Un roi sans divertissement » (1947) se démarque par sa réflexion profonde et  son point de vue sur la raison de vivre dans un univers, visiblement insensé. Grâce à une analyse linéaire, nous allons découvrir comment Jean Giono élabore son roman tout en soulignant les éléments les plus marquants et pertinents de l’œuvre grâce à une étude approfondie.


Cadre et synthèse de l’intrigue 

L’histoire se passe dans une localité lointaine et éloignée, où un militaire, appelé Langlois, est chargé de mener une enquête sur une variété d’assassinats étranges effectués par M.V, un ancien gendarme. Cet homme donne l’impression d’être une personne sans objectif et sans moralité. Il abat un certain nombre d’individus sans motif évident. À travers la narration, le narrateur est envahi par des pensées idéologiques et ontologiques sur la raison de vivre et la nature de l’homme. Le récit parcourt l’isolement, le non-sens de l’état humain et l’exploration existentielle dans un univers où l’amusement et les loisirs ne satisfont pas réellement. 


Le plan narratif : le déroulement de l’histoire 

La trame du récit se base sur une narration d'un point de vue personnel, c’est-à-dire à la première personne. Peu d'informations sont disponibles sur le narrateur, on sait qu'il s'intéresse aux gens, et qu'il connaît bien l'histoire de Trièves. En employant les pronoms « je » et « moi », il établit une ambiance subjective et privée, où le liseur se met immédiatement à sa place.

Langlois est un soldat qui subit une sorte de détresse émotionnelle. Il est pris dans des pensées sérieuses sur l’existence et sa raison de vivre.  Jean Giono se sert de cette approche afin de susciter une pensée métaphysique sur le genre humain, la retraite et l’exploration de sens.

Même si la structure narrative se concentre sur la recherche du meurtrier, elle est, en effet, moins importante que les réflexions personnelles du conteur. Ce dernier, en constatant les assassinats, se laisse emporter par ses idées sur les motifs du meurtre, de l’agression et le fond des raisons personnelles. L’auteur se sert ainsi de l’investigation comme excuse pour parcourir des questions plus générales, et cette méthode structurale aide à associer l’action à un aspect plus idéologique.


L’exploration intérieure ou la quête d’une raison d’être : l’inexistence et la monotonie

L’intitulé du récit « Un roi sans divertissement » correspond au thème fondamental de l’ouvrage : l’être humain, lorsqu’il n’a pas de loisirs, fait face à sa vacuité personnelle. Le raconteur mentionne ce concept, Langlois ayant l’air d’un « roi sans royaume », piégé dans une vie sans objectif et monotone. Il surveille le cadre de vie chez lui, la localité et les villageois, avec un éloignement significatif, plus ou moins une insouciance désabusée. Cette indifférence fait partie des principaux signes de sa crise de sens.

À travers cette figure, l’auteur français souligne le non-sens du désir humain de distraction et du plaisir immédiat. Langlois donne l’illusion d’être dépourvu de toute faculté à ressentir de la satisfaction, à apprécier les petits détails de la vie. Quoique rude et affreuse, la recherche sur le meurtrier est, pour le raconteur, une façon d’affronter le vide de sa vie. Dans ses crimes, il a l’air d’être un personnage qui témoigne cette même inanité : il n’assassine pas par animosité, mais par apathie et par oisiveté.


Le personnage de M.V : un être humain insensé et décalé

M.V, qui est le personnage antagoniste de l’histoire joue un rôle difficile et emblématique. Il n’est pas un tueur classique, motivé par des raisons habituelles de règlement de compte ou d’affection intense, mais une personne qui tue par désintérêt. Il ne paraît pas avoir de motif spécifique pour assassiner, ce qui le transforme en un personnage extravagant et farfelu, un être humain sans but fondamental et sans désir sincère. Sa personnalité évoque des images insensées chez d’autres romanciers, où l’homme opère sans motivation évidente, dans un univers qui lui paraît insensible et insouciant.

Le meurtrier représente également l’idée de l’écart ou la solitude. En assassinant des personnes, il donne l’impression d’être dans une poursuite frénétique afin de justifier son existence et donner de l’importance à sa vie, pourtant il est aussi détaché des autres. Il constitue le reflet de  l’être humain évolué, coincé dans un monde où les valeurs orthodoxes (la croyance, l’éthique, la société) sont moins performantes et n’ont plus d’importance.


L’essence de l’homme et la réflexion éthique

L’une des facettes les plus captivantes du récit est l’investigation de la nature de l’homme grâce à l’incarnation du conteur et celle de tueur. Le conteur ou le narrateur fait face à des problèmes éthiques délicats. En menant une enquête sur les crimes, il  n’essaie pas simplement de régler le problème, mais de saisir le sens de ces actions criminelles. Il n’arrive pas à comprendre le motif de ce tueur et s’égare dans ses pensées. Il remet en cause le fond du meurtre, l’engagement humain et l’éthique des actes.

Les réflexions de Langlois sur le moral paraissent surtout bouleversantes via ses relations avec les villageois. Très différents des représentations emblématiques, ces figurants sont les membres d’une communauté qui cherche à se doter de règlements et de raisons pour ses actions, mais qui est totalement influencée par l’irrationalité et le non-sens de la vie.

La solitude : une idée majeure du récit

La solitude fait partie des aspects importants du roman « Un roi sans divertissement ». Même si le village est habité, il consiste à un endroit enfermé et restreint, où la monotonie et l’isolement s’avèrent être les alliés permanents des villageois. Par ailleurs, le narrateur est aussi un individu solitaire, que ce soit sur le plan physiologique et psychologique. Cet isolement s’accompagne d’une sensation de blocage et de marasme. La figure du narrateur se sent enfermée dans un univers qui lui est non familier et qui ne fournit aucune solution simple.

La solitude du meurtrier accentue cette notion. En effet, le tueur, même s’il est encerclé par d’autres figures, est en retrait total de l’univers, à peu près comme s’il se voit indifférent à l’humanisme. 

« Un roi sans divertissement » Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_roi_sans_divertissement

« Analyse de l’œuvre : Un roi sans divertissement » Le petit littéraire. https://www.lepetitlitteraire.fr/analyses-litteraires/jean-giono/un-roi-sans-divertissement/analyse-du-livre

« Jean Giono, Un roi sans divertissement, 1947 » Aimer la littérature. https://cotentinghislaine.wixsite.com/aimerlalitterature/giono-un-roi

« Un roi sans divertissement, thèmes de l’œuvre » Maxicours. https://www.maxicours.com/se/cours/un-roi-sans-divertissement-themes-de-l-oeuvre/