Cette lettre a été analysée par une tutrice de MyStudies sur demande.


Premier mouvement : La révélation de la tromperie

Roxane commence sa lettre par un aveu : « Oui, je t'ai trompé » (l 1). L’adverbe « oui » semble répondre à une question qui n’est pas exprimée formellement, ce qui attire immédiatement l’attention du lecteur.  Cette ouverture marquante est suivie d'une succession de verbes à la première personne : « j’ai séduit tes eunuques », «  je me suis jouée » et « j’ai su de ton affreux sérail. » (l 1-2). Ce dernier montre son insoumission et elle justifie ses actions plutôt que de se défendre. Cependant, cela met en évidence la culpabilité d'Usbek, son sérail qui était « affreux » devient grâce à elle « un lieu de plaisirs et de délices ». Roxane réagit en fonction de sa privation de liberté, d’où l’utilisation des pluriels « délices ; plaisirs ». Le champ lexical de l’abus de confiance: « trompé », « séduit », « jouée de » montre la manipulation de Roxane.

La lettre devient dramatique avec des phrases évocatrices de la mort « Je vais mourir », « le poison va couler dans mes veines » (l 3). Le présent exprimant un futur proche évoque l’accomplissement d’un destin certain. L’allitération en v : « vais ; va ; veines » appuie la détermination de Roxane. Elle poursuit sa déclaration avec la question « que ferais-je ici ? » (l 3), celle-ci oblige son interlocuteur à répondre. Elle explique que la mort de son amant est la raison de son suicide : « le seul homme qui me retenait à la vie » (l 3-4).

Avec les verbes d’action : « couler », « séduit », « envoyer », Roxane montre sa liberté d’action. La mort est également représentée indirectement tout au long du passage : « Je vais mourir », « le poison va couler dans mes veines », « mon ombre s’envole » et « Je meurs ».

 

Deuxième mouvement : La lettre d’une femme puissante et libre

Roxane utilise une question qui n’attend pas de réponse pour dénoncer l’arrogance d’Usbek : « Comment as-tu pensé que je fusse assez crédule pour m’imaginer que je ne fusse dans le monde que pour adorer tes caprices ? » (l 6-7). La ligne 7 « tu te permets tout » prouve sa liberté d’action. Usbek est rabaissé par Roxane, elle lui a montré dans le deuxième mouvement qu’elle s’est jouée de lui. L’imparfait du subjonctif : « que je fusse » et « que tu eusses » est utilisé, ici, pour expliquer que les actions n'ont pas de réalité concrète. L’antithèse : « la servitude », « être libre », « tes lois », «  l’indépendance », affirme l’indépendance, le pouvoir et la liberté des femmes.

L’adverbe « non » de la ligne 8 fait preuve que Roxane s’oppose à Usbek. D’ailleurs, la conjonction de coordination « mais », accompagnée d’un point-virgule entraîne un changement dans sa lettre « j’ai pu vivre dans la servitude ; mais j’ai toujours été libre » (l 8). Et le verbe « réformer » fait référence à la remise en cause des dogmes catholiques qui a provoqué tant de guerres de religion pendant des siècles. Il présente aussi le portrait d’une femme à la fois déterminée et intelligente prête à changer les règles du sérail. Ce dernier est un lieu où la religion et la politique triomphaient afin de rétablir la nature et la liberté : « mon esprit s’est toujours tenu dans l’indépendance. » (l 8).

 

Troisième mouvement : Renversement de force

On peut analyser que Roxane exprime un regret à travers les subordonnés présents dans cette partie : « je me suis abaissée » suivi de « j’ai lâchement gardé dans mon cœur ce que j’aurais dû faire paraître à toute la terre » (l 8-9).

En effet, les moments qu’elle a passés auprès d’Usbek étaient des mensonges, des tromperies. L’adverbe « lâchement » (l 10) indique que Roxane s’est senti méprisée. Au cours de la ligne 13 « tu étais étonné de ne point trouver en moi les transports de l’amour », Usbeck a été totalement convaincu de posséder Roxane alors qu’elle n’a ressenti que du mépris pour lui. Par contre, elle souhaite montrer à lui qu’elle l’a manipulé : « la violence de la haine » (l 14).

La ligne 15 et 16 « Nous étions tous deux heureux : tu me croyais trompée, et je te trompais » est ironique. Cette phrase se présente sous forme de jouissance. Roxanne accentue l’affirmation de sa lettre en inversant la position des pronoms personnels : « tu » et « je ». Le fait de se présenter comme la maîtresse des illusions, cette dernière lettre a fait éclater la vérité. Malgré la soumission physique, la liberté intellectuelle n’a jamais été soumise.

 

Quatrième mouvement : Une fin triomphante et tragique

La ligne 17 et 18 « Ce langage sans doute te paraît nouveau » est une périphrase avec un pronom démonstratif qui souligne l’aveuglement d’Usbek. On peut analyser l’évolution des verbes « croire » qui revient deux fois avec le verbe « paraître » et le domaine de la perception « admirer ». A travers la ligne 18 et 19 : « t’avoir   accablé   de   douleurs », « je te forçasse » et « admirer mon courage »  Roxanne s’interroge sur les effets de sa lettre sur Usbeck et elle veut lui montrer la puissance d’une femme libre, indépendante et digne. Les verbes juxtaposés décrivent la mort tragique de Roxane : « me consume », « m’abandonne », « me tombe », « affaiblir », « je me meurs » (L 20).

 

Conclusion

Montesquieu offre un moment de révélation à ses lecteurs tout au long de la lettre 161 des lettres persanes. Il vise à équilibrer les pouvoirs au sein de la famille. Sa réflexion aboutit sur la défense de la condition féminine, la liberté menée dans tout l’ouvrage.

 

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