Le poème « Parfum exotique » du recueil Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, publié en 1857 et fait partie de la section « Spleen et Idéal ». Il a été dédié à Jeanne Duval, une femme que Baudelaire a rencontrée sur une île paradisiaque et il la considère comme une femme aimée et sensuelle.


Une description exotique de la femme aimée et sensuelle

Premier quatrain : Le portrait d’une femme aimée

Vers 1 : Le poète enchaîne des compléments circonstanciels issus d’un adverbe de temps « Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne ». L’oxymore « Un soir chaud d’automne » accentue cette atmosphère. En effet, les soirs d'automne sont froids, semblent être chaleureux et agréables. La contradiction « chaud » et « Automne » est un passage d'une réalité à un rêve. L’auteur paraît imposer une ambiance exotique pour plonger son lecteur dans un rêve.

Vers 2 : « Je respire l'odeur de ton sein chaleureux », le narrateur est accompagné par une femme. L'adjectif "chaleureux" manifeste de la chaleur. L’utilisation du champ lexical « chaleur » tout au long du premier quatrain suscite une sensation de sensualité qui est liée à la femme aimée.

Vers 3 : L'emploi du verbe « Je vois » désigne une vision intérieure, car Charles Baudelaire mentionne dans le V1 « Les deux yeux fermés ». Ensuite, le terme « se dérouler » du V3 désigne une série lente d'images renforçant l’ambiance dans ce premier quatrain. Il est complété par le groupe nominal « des rivages heureux » V1.

Vers 4 : Il y a une antithèse dans ce vers : « éblouissent » et « monotone ». Elle montre que la fin sera douloureuse et froide. Le poète veut faire durer le moment éternellement avec le terme « monotone », limite du Spleen.

En effet, le temps décrit par le narrateur semble parfait et idéal. 

Dans ce premier quatrain, on peut constater que les rimes sont embrassées : « automne/monotone » et « chaleureux /heureux ». La première rime peut être interprétée comme le spleen limite l'idéal représenté par la deuxième.  Entre autres, l’atmosphère a permis Baudelaire d’accéder à son rêve.


Deuxième quatrain : Description d’un paysage exotique

Vers 5 : Le narrateur voit ici une « île ». Cette dernière est personnifiée, car elle est désignée par l'adjectif qualificatif de « paresseuse ». Le poète emmène son lecteur vers un lieu idéal. Les deux éléments « une île » et « les rivages enchantés » du V3 sont considérés comme des adjectifs désignant des qualités humaines.

Vers 6 : Le champ lexical de l’île : « arbres », « nature », « fruits » et « savoureux » fait référence au jardin d’Eden, un univers idéal. D’un autre côté, les adjectifs : « paresseuse », «singuliers », « savoureux », « mince », « vigoureux » apportent une touche exotique et sensuelle.

Vers 7 et vers 8 : Dans ces vers, les hommes et les femmes sont décrits physiquement.  On constate une différence dans la description de l’homme et la femme. En effet, les hommes sont décrits par leur apparence « Des hommes dont le corps est mince et vigoureux », et semblent avoir une allure parfaite. Tandis que, les femmes sont décrites par leur personnalité « Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne » V8. Les femmes dans cette île ont un regard d'une franchise étonnante. Le verbe « étonne »manifeste une grande surprise caractéristique du monde de perfection.

Le narrateur parle des hommes et des femmes, ce qui nous permet de dire qu’il y a une égalité entre eux. L’île exotique est en effet un symbole de la femme aimée.

Une découverte sensorielle vers un endroit idéal et poétique.


Troisième quatrain : Une synesthésie typique

Vers 9 : Le poème part pour une autre découverte de l'île « Guidé par ton odeur vers de charmants climats ».

L’usage du tutoiement marque un lien étroit entre le narrateur et sa bien-aimée. Le parfum de Jeanne a le pouvoir de transporter Baudelaire dans un lieu imaginaire.

Vers 10 et vers 11 : Le verbe « Je vois » du V10 rappelle le paradoxe cité dans le premier quatrain au V3. Le narrateur paraît totalement perdu dans sa rêverie et que tout s’enchaîne naturellement. D’une part, le mot du V11 « encor » s’avère une forme ancienne ou poétique de « encore ».

Le troisième et le quatrième quatrain sont formés par le champ lexical des sens : « odeur », « parfum » et « narine » (odorat) ; « vois » (vue) ; « chant » (ouïe) ; « m’enfle la narine » (toucher). Les sens sont donc éveillés chez Baudelaire pendant qu’il rêvait. On peut voir aussi le champ lexical de la mer du V10 jusqu'à la fin du poème « voiles et des mâts » ; « port » ; « vague marine » ; « des mariniers ».


Quatrième quatrain : Une approche poétique

Vers 12 et vers 13 : Le poète fait une analogie entre la mer et la poésie. Le champ lexical de la mer décrit comme un lieu idéal disposant des conditions idéales pour l'inspiration poétique. La poésie est pour lui un moyen d’évasion et les mariniers représentent les poètes.

Vers 14 : L’interprétation est confirmée par l’allitération en « v » et en « m ». Ce dernier vers parle du rêve qui a emporté le narrateur, sa bien-aimée ainsi que le lecteur. Il ne s’agit pas seulement d’un voyage physique, mais aussi d’une évasion spirituelle. Le vers « Se mêle dans mon âme au chant des mariniers » se traduit comme le début de l'élévation spirituelle.


Conclusion

Le poème « Parfum exotique » débute par l’amour sensuel qu’éprouve le narrateur à sa bien-aimée. Pour Charles Baudelaire, la femme aimée permet d'atteindre l'univers idéal. Le voyage spirituel de Baudelaire se fait à travers l'amour qu'il porte à Jeanne, sa bien-aimée. Le narrateur a utilisé la synesthésie et la poésie.