D'un côté, certains défendent l'idée que l'autonomie individuelle doit primer et que chaque personne peut disposer librement de sa vie, même en cas de souffrance extrême. De l'autre, d'autres estiment que la vie humaine possède une valeur inaltérable, qu'aucune circonstance, aussi tragique soit-elle, ne justifie d'ôter ou de retirer. Ce débat, qui est au cœur de nombreuses lois, nous invite à nous interroger sur la véritable nature de l'autonomie humaine, de la responsabilité sociale et des principes éthiques qui régissent la médecine.
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Problématique
La problématique qui s’expose est la suivante : L’euthanasie peut-elle être considérée comme une solution pour atténuer, voire éradiquer le supplice subi par quelques individus ? Ou bien ce type de traitement devrait à tout prix être vu comme un crime étant donné que ça implique la mort immédiate de l’individu ?
Cadre théorique
Aborder la question de l'euthanasie revient à discuter de l'autonomie. Kant voit l'autonomie comme liée à la rationalité morale et considère que l'individu ne peut pas se libérer de ses devoirs envers soi-même et la société (Leheup et Ducrocq, 2008), notamment lorsqu'il s'agit de la question de l'euthanasie. Selon lui, « l'homme ne peut avoir le pouvoir de disposer de sa vie » (Kant, 1986, cité dans Patrício dos Santos, 2011).
Mill, dans une approche utilitariste, considère que « tout individu a un pouvoir souverain sur sa propre existence ; on ne peut aller contre ce pouvoir qu'en raison des dommages qu'il pourrait causer aux autres, non en raison des dommages qu'il pourrait se causer à lui-même »[1] (Mill, 1864). Il estime que l'euthanasie est acceptable si elle améliore le bien-être de l'individu sans nuire à autrui. (Leheup et Ducrocq, 2008).
Nozick, quant à lui, défend l'idée d'une liberté totale. Pour lui, l’individu est le seul propriétaire de sa vie et de son corps, et la société n'a pas à intervenir. En juin 1997, Robert Nozick et d'autres philosophes des courants libéraux ont soumis à la Cour suprême des États-Unis un texte qui constitue « un locus classicus pour argumenter en faveur du suicide assisté fondé sur la notion de respect de l'autonomie » (Tappolet, 2003), dans le but de promouvoir l'euthanasie.
Cette discussion soulève des interrogations quant à la nature de l'autonomie et de la responsabilité individuelle au sein de la société. Malgré son caractère fondamental dans la philosophie morale, l'autonomie ne doit pas être considérée comme un droit absolu dans tous les domaines, surtout lorsqu'il s'agit de décisions aussi radicales que de mettre fin à une vie, c'est-à-dire l'euthanasie.
Sur la base du principe de sainteté de la vie, je pense que la vie humaine doit être préservée en toutes circonstances, car elle a une valeur intrinsèque qui ne peut être remise en question, même face à la souffrance. Je suis également convaincu que l'autonomie n'est pas absolue : dans des moments d'extrême vulnérabilité, tels qu'une maladie incurable ou des souffrances intenses, une personne peut ne pas être en mesure de prendre une décision entièrement rationnelle. En outre, l'euthanasie comporte aussi des risques d'abus, notamment pour les personnes vulnérables, qui risquent d'être incitées à opter pour cette prétendue solution par la pression sociale ou familiale. De surcroît, la médecine, fondée sur le principe de sauver et de soulager, ne doit pas être détournée de son rôle pour autoriser les médecins à donner la mort. Je soutiens ainsi que les soins palliatifs constituent une alternative suffisante à l'euthanasie, puisqu'ils soulagent la souffrance sans mettre fin à la vie, et que la légitimation de l'euthanasie pourrait avoir des effets néfastes sur la perception que la société a de la vie humaine.
Dans cette optique, les médecins doivent garder à l'esprit le serment d'Hippocrate, qui les engage à respecter la dignité et l'autonomie des personnes et à assurer leur protection : « Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité. »[2]
Conclusion
L’euthanasie soulève des dilemmes éthiques entre le respect de l’autonomie individuelle et la protection de la vie humaine. Bien que la souffrance des individus en fin de vie soit réelle, l’euthanasie ne doit pas être perçue comme une solution légale. Les alternatives comme les soins palliatifs respectent mieux la dignité humaine, préservent la valeur de la vie et réduisent les souffrances des personnes vulnérables. Ainsi, chaque personne vieillissante a le droit inaliénable de bénéficier d'un soutien et de soins de qualité qui lui permettront de vivre le reste de sa vie dans la joie et la sérénité.
Bibliographie
Leheup, B. F., & Ducrocq, X. (2008). Débat sur l’euthanasie : Regard philosophique sur le respect de l’autonomie. Médecine Palliative : Soins de Support - Accompagnement - Éthique, 7(2), 104-108. https://doi.org/10.1016/j.medpal.2007.10.002
Mill, J. S. (1864). On liberty. Longman, Green, Longman, Roberts & Green.
Patrício dos Santos, S. C. (2011). Eutanásia e suicídio assistido: O direito e liberdade de escolha (Thèse de maîtrise, Faculdade de Letras da Universidade de Coimbra).
Tappolet, C. (2003). Le droit au suicide assisté et à l'euthanasie : Une question de respect de l'autonomie ? Revue philosophique de Louvain, 101(1), 43-57.
Saint-Arnaud, J. (2011). Perspectives éthiques sur la signification de l’expression : mourir dans la dignité. Frontières, 24(1-2), 11–17. https://doi.org/10.7202/1013080ar
[1] Le Monde, édition du 05 avril 2008. https://www.lemonde.fr/societe/article/2008/04/05/le-dilemme-sans-fin-de-l-euthanasie_1031346_3224.html
[2] https://www.conseil-national.medecin.fr/medecin/devoirs-droits/serment-dhippocrate