Cet exemple de document rédigé par MyStudies consistait à rédiger une pièce de théâtre, niveau collège, sur le thème de la dissuasion et de l'argumentation. Avec la collaboration du client, qui a veillé à ce que le document rendu lui corresponde et réponde aux attentes du professeur, ce document a obtenu la note de 17/20.
Consignes du devoir
Le sujet donné était :
Vous écrirez une scène de théâtre dans laquelle vous tenterez de convaincre un (e) ami (e) de ne pas commettre une bêtise (par exemple, un mensonge portant à conséquence) ou un délit mineur. Votre dialogue progressera par un échange d'arguments.
Barème
- Mise en page du texte théâtral
- Emploi de didascalies
- Echange d'arguments, progression du dialogue
- Orthographe, construction des phrases
Rédaction proposée
Au détour du boulevard, en rentrant de l’école, Louis et Evan arrivent dans une petite ruelle, vide, éclairée par les premiers lampadaires de la soirée. Une bicyclette rouge flambant neuve repose sur le mur. Evan s’arrête devant.
EVAN, courant vers la bicyclette : Regarde ! Elle n’est pas attachée ! Incroyable, c’est celle que je voulais !
LOUIS : Celle que t’es parents n’ont pas voulu te prendre ? Elle a l’air super, j’espère que tu l’auras l’année prochaine pour ton anniversaire.
EVAN : Elle n’a pas l’air, elle l’est ! C’est le meilleur vélo qui existe, regarde les suspensions, les roues, l’armature du guidon en fibre de carbone... Il n’y a personne dans la rue. C’est maintenant ou jamais.
Il monte sur le vélo.
LOUIS, qui fait un pas vers son ami pour le tenir : Attends ! Qu’est-ce que tu fais ? Tu es fou ? Elle est complètement neuve, ce n’est pas un oubli c’est certain, tu vas te faire voir !
EVAN : L’intérêt d’un vélo c’est que l’on va bien plus vite que les piétons. Je pédale et c’est bon. Allez, on se retrouve plus loin !
Il commence à pédaler.
LOUIS, se mettant devant EVAN pour l’arrêter : Ne fais pas ça, c’est complètement stupide, après la ruelle il y a la grande avenue, le propriétaire a dû s’arrêter cinq minutes pour faire quelque chose : il va crier au voleur et tu vas avoir des ennuis avec tes parents. Ou pire, avec la police !
EVAN : Lâche-moi ! Je suis mineur, la police ne peut rien me faire. Pour mes parents ils n’avaient qu’à me l’acheter. De toutes façons je vais pas me faire avoir, c’est un vélo électrique.
LOUIS : Et après ? Tout le monde sait que tes parents ne te l’ont pas acheté ! Dès que tu l’utiliseras tu deviendras le voleur de service.
Louis marque un temps et regarde sur le côté, comme pour réfléchir.
On n’a jamais rien volé, si on commence, les autres ne verront plus aucune raison de ne pas voler, et ils finiront par nous voler aussi. Pense à notre réputation, même mes parents vont m’en vouloir pour ce que tu auras fait !
EVAN : Je ne l’utiliserai pas devant les gens et j’en parlerai à personne. Ça te va ? Qu’est-ce que tu peux pouvoir inventer de plus pour m’empêcher de le prendre ? Tu sais la jalousie c’est très visible sur ton visage : alors arrête de me faire la morale.
Louis étonné, fronce les sourcils. Evan soupire.
EVAN : Bon, je ne sais pas si tu es jaloux, je l’admets. Mais alors rassure-toi : ce n’est pas du vol aux yeux de nos parents ou des autres tant que personne ne le sait !
LOUIS : Mais le propriétaire, lui, il va forcément le savoir.
EVAN : Oui, et alors ? Il ne saura pas que c’est moi.
LOUIS : Mais il saura que c’est du vol. Il va revenir dans cette ruelle et bien voir qu’on l’a volé. C’est vrai : il ne saura sans doute pas que tu es le responsable. Mais tu sais, des vélos sont volés tous les jours, on retrouve rarement les voleurs, on ne met pas de nom sur le vol, mais qu’importe ? Ça ne rajouterait rien à l’acte : puisqu’à partir du moment où tu voles, tu n’es plus rien à part un voleur.
EVAN : Je serai un voleur parmi les voleurs à ses yeux, et c’est mieux : comme ça je me cache derrière cette étiquette et je suis tranquille. Allez, laisse-moi passer !
Evan essaie de pédaler.
LOUIS : Attends, juste une dernière chose, Evan !
EVAN : Qu’est-ce qu’il y a encore ? Si tu continues on va se faire choper tous les deux, à cause de toi !
LOUIS, les deux mains serrées sur le guidon du vélo : J’ai compris, d’accord ? Que ce soit illégal, tu t’en fiches, que ce soit mal vu, pareil, que tu risques de te faire prendre, cela te passe au-dessus de la tête, qu’après ça tu rentres dans l’une des pires catégories de personnes, rien à faire ! Mais tu t’en fiches à chaque fois parce que tu trouves une bonne raison de dire que ça ne va pas arriver. Les conséquences en elles-mêmes te dérangent, mais tu les esquives en te pensant en sécurité. Tu ne t’en fiches pas vraiment, tu penses juste que tu vas pouvoir t’en tirer de toutes façons. Alors, je te le demande Evan, pourquoi voles-tu ce vélo alors que tout ce que cela implique te fait peur ou te rend honteux ?
EVAN : Parce que ce n’est pas n’importe quel vélo ! C’est celui que je voulais ! C’est injuste que l’on me l’ait refusé, je le mérite !
LOUIS : Justement, ce n’est pas n’importe quel vélo : tu es en train de voler ce que tu n’as pas pu avoir.
EVAN : Exactement. Donc ?
LOUIS : Tu es tellement triste et en colère de ne pas l’avoir eu que tu es prêt à en voler un. C’est donc que tu es particulièrement atteint, non ?
EVAN : Oui. Dépêche-toi de la finir, ta leçon de morale.
LOUIS : Ce que tu ressens, tu vas l’infliger à un autre. Ce ne sont pas les conséquences qui sont importantes, c’est l’acte lui-même : tu es en train de te ridiculiser auprès de toi-même, et toute ta tristesse et ta colère deviennent ridicules. Si tu voles ce vélo, tu valides l’injustice que tu as vécu.
Louis, sachant qu’en disant cela il laisse Evan face à lui-même, n’a rien d’autre à ajouter. Il part sans se retourner.