(G. Flaubert, 2013, « L'éducation sentimentale », Flammarion, pp. 47-48, « Ce fut une apparition : (...) le capot de l'escalier. »)
En 1869, Gustave Flaubert, inspiré de ses amours, publie « L'éducation sentimentale ». L'extrait que nous allons étudier, sous la forme d'une lecture linéaire, est tiré de la partie1, chapitre 1. Flaubert y relate la rencontre entre Frédéric Moreau et Marie Arnoux sur un bateau.
Une vision, un coup de foudre
« Ce fut comme une apparition » (l.1)
Cette rencontre entre Frédéric Moreau et Marie Arnoux débute soudainement, similaire à une vision avec le terme « apparition » (l.1). Cette manifestation visible de cette dame lui confère déjà un caractère surnaturel, divin.
L’idée du coup de foudre est renforcée avec « l’éblouissement que lui envoyèrent ses yeux » (l.3-l.4). L’éblouissement témoigne d’un état d’esprit absorbé d’une vive admiration.
Flaubert insiste bien sur l’intensité de ce coup de foudre en précisant que Frédéric Moreau la voit « toute seule » (l.2), « qu’il ne distingua personne… »(l.3), tellement il est émerveillé.
Le début de cette scène est raconté à partir du regard de Frédéric Moreau. Le champ lexical de la vision est souvent utilisé : « apparition », « distingua », « ses yeux », « regarda » (l.1-l.6)
Les actions de Frédéric Moreau montrent aussi à quel point il est troublé intérieurement : « il passait » (l.4), « il fléchit involontairement les épaules » (l.5), « il se fut mis plus loin » (l.5-l.6). Cette succession de verbes illustre l’agitation intérieure qui anime Frédéric Moreau à la vue de Madame Arnoux.
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Focalisation accentuée sur Madame Arnoux
En fin de ligne 6, « il la regarda » annonce la description détaillée de Madame Arnoux. L’auteur, au moyen de son goût pour la description, renforce ainsi l’idée de la focalisation du regard de Frédéric Moreau sur elle en énumérant la couleur, la matière des vêtements ainsi que des traits physiques : « un large chapeau de paille », « des rubans roses », « Ses bandeaux noirs,… », « ses grands sourcils », « l’ovale de sa figure », « sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois,… », « son nez droit,… ». (l.7 - l.13)
Flaubert privilégie une technique descriptive en débutant avec le côté extérieur de Madame Arnoux. Il commence avec les vêtements, ensuite les traits physiques et enfin son occupation. « Elle était en train de broder quelque chose ;… » (l.12 – l.13).
Reflet des sentiments des personnages dans leurs attitudes
Flaubert poursuit la narration de cette rencontre entre Frédéric Moreau et Madame Arnoux avec l’exposition de leur comportement, reflet de leurs sentiments.
- Frédéric
En ce qui concerne Frédéric, les actions sont succinctes et détaillées : « …, il fit plusieurs tours de droite et de gauche… » (l.15 – l.16), « … il se planta devant son ombrelle,… » (l.17). Comme précédemment, au début de la scène de cette rencontre, Flaubert utilise une succession de verbes pour révéler l’agitation et le désordre dans l’esprit de Frédéric Moreau.
« …il affectait d’observer une chaloupe sur la rivière. » (l.18). Il essaie de faire preuve de discrétion malgré l’émotionqui le submerge intérieurement.
Flaubert fait preuve d’un tel réalisme qu’il laisse deviner un rapport avec une expérience personnelle du jeune homme naïf, inexpérimenté qu’il était lorsqu’il a rencontré Elisa Schlesinger, dont il est tombé fou amoureux.
- Mme Arnoux
Flaubert fait peu de fois mention du comportement de Mme Arnoux depuis le début de cette lecture. En début de texte, « elle était assise, au milieu du banc,… » (l.2). Lorsque Frédéric a commencé à s’agiter, « quand il passait, elle leva la tête » (l.4 – l.5). Elle a donc remarqué son comportement à son égard mais, à l’image d’une femme qui se sent observée, elle continue son activité de broderie et fait semblant de l’ignorer, « elle gardait la même attitude » (l.15) . Elle n’est pas indifférente à Frédéric Moreau. Elle préfère néanmoins rester discrète.
Dès lors, Flaubert, nous expose deux comportements contradictoires, conséquences de ce coup de foudre. Les deux personnages ont néanmoins en commun un besoin de rester discret tout dévoilant une absence d’indifférence.
Banalisation du coup de foudre
« Il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement, comme une chose extraordinaire » (l.21 – l.22)
Flaubert banalise l’amour de Frédéric Moreau à l’égard de Mme Arnoux. Et pourtant, il la décrit à nouveau en utilisant le champ lexical de la beauté, une beauté exceptionnelle :« splendeur de sa peau brune », « séduction de sa taille », « finesse des doigts » (l.19 – l.21). Mais, il restreint par après l’amour de Frédéric en changeant son apparence. Flaubert le présente ébahit devant le panier à ouvrage qu’il compare à « une chose extraordinaire » (l.22).
Le terme « ébahissement » (l.22) est aussi disproportionné par rapport à l’objet considéré. C’est probablement pour illustrer l’intensité d’un coup de foudre.
« Quel était son nom, sa demeure, sa vie, son passé ? …» (l.22 – l.25)
Flaubert continue à banaliser le coup de foudre en relatant la curiosité douloureuse et sans limite de Frédéric (l.27 – l.28) avec l’utilisation d’un style indirect libre en tant que discours intérieur. C’est cruel Il s’agit d’une rencontre sans échange. Qu’y a-t-il d’extraordinaire dans un coup de foudre ?
Étapes vers un retour à la réalité extérieure et chute finale
Flaubert fait apparaître une tierce personne. Il s’agit de la négresse qui s’occupe de l’enfant de Mme Arnoux. (l.29)Frédéric s’exprime toujours dans un discours indirect libre. « Il la supposait d’origine andalouse, … » (l.37)
Malgré ce fait externe, Frédéric Moreau ne réalise pas encore qu’il s’agit de la petite fille de Mme Arnoux.
Mais, Flaubert poursuit avec l’adverbe « Cependant » (l.39) pour marquer une opposition avec ce qui a été relaté depuis le début de cette rencontre dans un style indirect. Mme Arnoux porte un châle qui manque de tomber à l’eau. Frédéric le rattrape.
« Je vous remercie, monsieur » (l.46) C’est le premier et le seul contact direct de la rencontre.
« Leurs yeux se rencontrèrent. »(l.47) Flaubert revient sur le thème du coup de foudre avant la chute finale (l.49) , l’arrivée du mari de Mme Arnoux rendant cet amour impossible.
Conclusion
En conclusion, dans l’extrait relatif à la rencontre entre Frédéric Moreau et Mme Arnoux, Flaubert, grand écrivain réaliste, raconte le coup de foudre comme une émotion intense et effrayante qui envahit considérablement l’esprit et le corps avec au final un amour impossible.
- Commentaire de texte : L'Éducation sentimentale - Gustave Flaubert (1869) - En quoi la scène de la rencontre de Frédéric avec Madame Arnoux est-elle le récit d'une vision fantasmée ?
- Commentaire de texte : L'éducation sentimentale, Flaubert: explication de texte de la scène de première rencontre amoureuse, figurant dans l'incipit
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