Béralde, en tant que personne rationnelle et perspicace, représente le symbole de la sagesse et de la réflexion par rapport à l’obsession excessive de son frère. Bien qu’il ne soit qu’un simple figurant, il joue un rôle important dans la pièce. Son personnage sert, en même temps, d’équilibre et de catalyseur des mauvaises mœurs de ce siècle, plus particulièrement celles rattachées à l’art médical et aux mythes.

Le cadre de la comédie « Le malade Imaginaire »

Cette œuvre théâtrale a été signée par l’auteur dramatique dit Molière. Elle a été créée en 1673 pendant que les reproches sur la pratique médicale et les attitudes comportementales étaient au centre de la pensée sociétale. La comédie de Molière, répartie en cinq actes, met en lumière l’histoire d’Argan, une personne préoccupée de façon excessive par son état de santé, ses connaissances et ses proches qui sont : sa femme Béline, son frère Béralde et son médecin Diafoirus. Le scénario se base sur le délire d’Argan, que sa santé globale est sérieusement en péril, alors qu’il n’est en vérité qu’un anxieux de sa santé. La figure de Béralde est ainsi l’opposant réfléchi qui essaie de persuader son frère et de résilier l’absurde de ses actes.


Béralde, le personnage pragmatique dans un univers sans logique

Ce personnage se démarque des autres par son réalisme et sa rationalité. Il représente celui qui conteste les conduites déraisonnables d’Argan et expose l’irrationalité de son obstination. Pendant que le protagoniste est sous l’emprise des médecins  et a foi en des soins inutiles, Béralde cherche constamment à lui révéler la réalité sur son état. En plus de son personnage de frère bienveillant, il incarne la sagesse dans une comédie qui reproche lexagération et l’absurdité, principalement dans l’univers de la santé.

La figure antagoniste 

Béralde est constamment en contraste avec son frère, comme avec les autres figurants qui stimulent l’intrigue. Et contrairement à lui qui interprète la raison, Argan personnifie la superstition et les craintes infondées de la maladie. Cette opposition se présente dans l’ensemble des diverses séquences où Béralde, avec un léger humour, met en doute les choix d’Argan et tente de lui expliquer qu’il ne subit pas des troubles qu’il imagine. Par exemple, au début de la pièce, scène sept, il raille le comportement de son frère, en lui précisant qu’il est en fait en pleine forme.

« Ce n’est pas une maladie, c’est de la prétention, et je vois bien que vous vous en portez assez bien »

Cette expression synthétise totalement le personnage de Béralde. Il ne tient pas compte des lamentations de son frère et décide de lui éclairer sur la vérité avec un ton ironique. La fusion de gentillesse et de sarcasme décrit l’originalité de sa façon d’agir avec Argan, qui, même s’il est son frère, s’est retrouvé piégé dans un tourment sans fin dont il n’est pas facile de le libérer.



La réflexion du système médical et des praticiens

En plus du rapport qui existe entre les deux frères, il est intrigant d’observer le rôle qu’exerce cette antagoniste dans l’ironie du système médical. L’auteur de la comédie « Molière » conteste librement les soins médicaux de son ère, et Béralde interprète ce jugement via son incrédulité à l’égard des médecins. Quoiqu’il ne soit pas contre les cures médicales, il blâme l’exagération et la naïveté des patients qui se soumettent aux praticiens inqualifiables.

Au deuxième acte, scène 14, Béralde entame une discussion, avec Argan, au sujet du Docteur Diafoirus. Ce dernier personnifie le caractère facétieux et saugrenu d’un docteur infatué et vaniteux. Béralde s’interroge sur les compétences soi-disant scientifiques de ces praticiens et leur incapacité évidente.

Dans la pièce, il existe une scène qui témoigne absolument l’offensive de Molière envers la pratique médicale dédaigneuse qui exploite l’hypocondrie pour ancrer son autorité. Ici, Béralde représente la voix de jugement qui insiste sur l’autoritarisme des médecins et cela, de façon claire et radicale. Molière, en l’incitant à réagir ainsi, amène l’auditoire à méditer sur la position des professionnels de la santé dans la communauté : celle d’un expert avisé, mais pas un profiteur sans scrupules.

La mission de Béralde dans le scénario

Si Béralde est avant tout une figure de sagesse, il exerce également un rôle fondamental dans l’aboutissement du théâtre. Son emprise sur son frère dépasse largement d’une raillerie. Au moyen de ses actes, il encourage son frère à revoir sa perception sur son existence ainsi que sur son bien-être. Évidemment, dans le dernier acte, Béralde suggère à son frère Argan de faire semblant d’être décédé afin de dévoiler la véritable personnalité de sa femme Béline. Cette ruse permet de découvrir la réalité et de dévoiler les sentiments de façade de son épouse, qui par-dessus tout, tente de récupérer ses biens.

Béralde, avec son aptitude à observer au fond des choses et son sens de jugement, est perçu comme le pionnier de transformation dans le spectacle. Même si son rôle est souvent vu comme étant cruel, il est, en fait, impératif afin de libérer son frère de ces délires et de le soutenir pour qu’il retrouve son esprit lucide. Il justifie alors que la réflexion et le réalisme, bien qu’ils puissent être pénibles à accepter, sont nécessaires pour vaincre les simulacres.

Conclusion 

L’antagoniste Béralde dans l’œuvre de Molière « Le malade imaginaire » représente de loin, plus qu’un accessoire de personnage. Il interprète le bon sens, la réflexion sociale et de l’intelligence dans une pièce comique qui se moque de l’abus de méthode thérapeutique et des vices sociaux de l’époque. Par son intermédiaire, Molière s’en prend aux manipulations médicales et aux fausses croyances des patients, tout en permettant à l’auditoire une idée sur l’état de la santé, l’essence de la réalité et l’autorité fondamentale de la conscience humaine. Béralde, en même temps lucide et satirique, présente une figure emblématique du théâtre. Il permet à la pièce comique de se recentrer entre les observations de la société et canular