Qu’est-ce qu’une problématique ?

Si nous devions résumer cela, la problématique d’un mémoire pourrait être décrite comme l’angle d’attaque, la question centrale autour de laquelle s’articule toute la réflexion. Ce n’est pas juste une question. Cela signifie que vous devez identifier un problème, un écart ou un phénomène qui serait non résolu dans le champ d’étude visé. Votre but sera de montrer en quoi ce problème mérite d’être traité. Concrètement, la problématique sert à délimiter le sujet puisque vous posez une question précise. Cela vous évite de vous disperser dans un éventail trop large de thèmes. Elle sert aussi à orienter la recherche puisqu’elle guide la collecte des données et la sélection des théories ou des concepts pertinents. Enfin, elle vous aide à structurer votre argumentation autour de cette question centrale. 

Finalement, la problématique apparait comme un fil conducteur. Dès la lecture du titre et de l’introduction, le lecteur doit comprendre l’enjeu principal, la perspective adoptée et les objectifs poursuivis. La problématique est un peu comme un contrat de lecture où vous promettez au lecteur de répondre à une question donnée. Toute la suite du mémoire devra tenir cette promesse en apportant un éclairage nouveau ou en tentant de résoudre le problème soulevé.

 

Pourquoi la problématique est-elle cruciale dans un mémoire ?

C’est elle qui va déterminer de la qualité et de la pertinence du mémoire. Elle doit permettre d’assurer la cohérence de l’étude. En effet, quand vous débutez la rédaction d’un mémoire, vous pouvez facilement vous perdre dans des digressions ou accumuler des données peu utiles. Grâce à une problématique clairement définie, vous ne pourrez pas partir dans tous les sens puisque la direction que vous devez prendre sera toujours claire. 

La problématique sert aussi à clarifier la valeur ajoutée de votre mémoire. Le mémoire sert à proposer une contribution originale d’une synthèse théorique ou d’une réflexion méthodologique. Grâce à une problématique pertinente, vous montrerez en quoi votre travail apporte un éclairage nouveau, répond à un besoin spécifique ou soulève des questions encore peu explorées.

Elle sert aussi à structurer votre argumentation. À partir de la problématique, l’étudiant peut organiser ses chapitres ou parties. Chaque partie du mémoire doit apporter des éléments de réponse à la question centrale. Les conclusions devront aussi clairement faire écho à la problématique énoncée.

Enfin, elle permet aussi de faciliter la lecture et l’évaluation. Pour un jury, la problématique est un repère essentiel et vous serez évalué dessus. Elle permet de saisir les enjeux du mémoire et d’apprécier la qualité de l’analyse. Un mémoire sans problématique précise peut paraître flou, sans direction, et rendra la lecture laborieuse.

 

Comment formuler une problématique pertinente ?

 Identifier un sujet d’étude et ses limites

La problématique est réfléchie dès que vous commencez à délimiter votre sujet. Pour passer du sujet à la problématique, il faut aller au-delà d’un simple thème descriptif. Il s’agit d’identifier une tension, une contradiction, un débat théorique ou empirique qui n’a pas encore été résolu. 

S’appuyer sur la littérature existante

Une bonne problématique, donc une problématique qui sera considérée comme solide, se construit toujours grâce à une lecture et une bonne compréhension des travaux déjà publiés. Vous devez donc lire des articles scientifiques, des ouvrages spécialisés et des études statistiques récentes. Il vous faut repérer les lacunes ou les zones d’ombre dans ces travaux et observer s’il existe des controverses théoriques ou méthodologiques. Ces lectures vous permettront de faire émerger des questions qui n’ont pas trouvé de réponse satisfaisante jusqu’à présent, ou dont les réponses sont divergentes. 

 

Formuler une question claire et concise

Une fois ce travail réalisé, vous devez formuler une question de recherche. Celle-ci orientera votre travail et vous mènera vers une problématique stricte par la suite. Elle doit être claire, précise et pertinente. Par exemple, ma question de recherche est : « Dans quelle mesure la présence active sur les réseaux sociaux influence-t-elle la motivation des adolescents à pratiquer une activité sportive régulière ? » Les notions clés que je souhaite développer dans mon travail sont : « présence active sur les réseaux sociaux », « motivation des adolescents », « activité sportive régulière ». On voit immédiatement les concepts à analyser et le lien supposé entre eux.

 

L’articulation entre problématique et hypothèses

Ensuite, il faut faire des hypothèses. Ce sont des propositions ou des pistes de réponse que vous testerez dans votre travail. Elles doivent découler directement de la question posée et être vérifiables dans le cadre de votre méthodologie. Dans notre exemple évoqué dans la partie précédente, une hypothèse pourrait être : « Une forte exposition aux contenus sportifs sur les réseaux sociaux est positivement corrélée à la pratique sportive régulière chez les adolescents. » Vous pourrez alors mettre en place des questionnaires ou des entretiens pour valider ou invalider cette proposition.

 

Les erreurs courantes à éviter

Il faut éviter de faire une problématique trop large qui manquera de pertinence. Nous vous recommandons aussi d’éviter la problématique descriptive qui se contentera de décrire un phénomène, sans soulever de question sur les causes, les conséquences ou les enjeux. Il faut aussi éviter de faire la confusion entre problématique et sujet. Il faut faire attention à formuler la question de recherche spécifique, sous peine de rester en surface. Enfin, faites attention à ne pas manquer de fondements théoriques. 

Conclusion

La problématique est le coeur du mémoire. Elle est à la fois le point de départ, le fil conducteur et la boussole pour l’ensemble du travail. Sa qualité conditionne la cohérence de l’argumentation, la pertinence des hypothèses et la réussite de la démonstration finale. Pour formuler une problématique solide, il est indispensable de combiner recherche bibliographique, définition d’un champ d’étude clair et questionnement précis. Une fois ce travail accompli, vous avez un cap clair pour organiser votre démarche, recueillir et analyser vos données, puis présenter des conclusions qui vont dans le sens des attentes du lecteur et du jury.

 

Bibliographie

  1. Eco, U. (1977). Comment faire une thèse. Bologne : Bompiani.

  2. Becker, H. (1986). Writing for Social Scientists: How to Start and Finish Your Thesis, Book, or Article. The University of Chicago Press.

  3. Quivy, R., & Van Campenhoudt, L. (2006). Manuel de recherche en sciences sociales (4e éd.). Dunod.